
En dehors de l’effondrement interne, que l’on retrouverait également chez les personnes interprétatives selon moi sous le nom de TDAH*, les personnes autistes n’ont aucun problème, aucun trouble. Leur perception du monde est juste différente, tout comme leur façon d’interagir.
Un monde concret, selon la logique pure
Le monde des personnes autistes serait basé sur la recherche de la vérité, de la justesse, de l’harmonie. Les personnes autistes semblent davantage dans l’analyse de faits concrets, de détails dans un monde où tout est sujet à interprétation. Que voyez-vous dans l’image ? Un « 6 » ? un « 9 » ? Le signe du zodiaque du Cancer ? ou allez-vous plus loin concernant l’interprétation du 69 ?
Les personnes autistes sont loin d’être parfaites dans leur recherche de la logique et peuvent être maladroites et braques de prime abord dans leurs interactions. Mais quand vous commencez à apprendre à les connaître, vous découvrirez des personnes qui aiment creuser les sujets, qui vont essayer de percevoir qui vous êtes au plus profond de vous même, sans vous juger, juste pour comprendre.
Notre société française construite sur la performance au détriment du bien-être nous force à vouloir être parfaits, au point que l’on se sente jugé en permanence par les autres. Chez des personnes autistes qui essaient de rentrer dans un moule qui ne leur correspond pas, cela crée une hypervigilance.
Une communication différente, sans interprétation
Cette hypervigilance se retrouve notamment dans la communication. Les personnes autistes sont obligées d’anticiper des éventuellement interprétations que pourraient avoir les personnes allistes concernant leur propos, voire même de se défendre d’idées qui ne leur ont jamais traversé l’esprit car les mots n’ont pas toujours le même sens pour les personnes. Même les silences peuvent être sujet à interprétation. Et au lieu de vérifier si elles ont bien compris, de nombreuses personnes interprétatives préfèrent deviner nos pensées et créer des quiproquos. Et on nous accuse de troubles de la communication ! Le problème n’est peut être pas nous… Les personnes allistes se comprennent-elles entre elles ? L’interprétation n’est-elle pas sujette à des mécompréhensions ?
Entre personnes autistes, la communication est différente : nous nous comprenons, parfois au-delà des mots. Comme le précise Satsuki Ayaya (phD), chercheuse autiste de l’université de Tokyo, certains mots nous manquent dans nos langues respectives interprétatives. Les personnes autistes non verbales/oralisantes communiquent également, mais avec leur propre langage. C’est juste qu’elles n’utilisent pas de mots en raison d’un effondrement interne important et d’un développement du langage pas encore accessible du fait d’un mode d’apprentissage non adapté (la langue des signes pourrait être une piste pour développer la communication chez les personnes non verbales/oralisantes). Je pense qu’il y a encore beaucoup de recherche à faire dans ce domaine et ce sera possible à condition que l’on inclut les personnes autistes dans les recherches. Comment est-ce possible que l’on parle de nous sans nous ?
* Troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité
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